Page:Considérations sur la France.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne m’inspirent aucune confiance. Les villes, par exemple, animées d’une jalousie très-peu respectable, n’ont pu convenir du lieu où siégeroit le Congrès ; aucune n’a voulu céder cet honneur à l’autre. En conséquence, on a décidé qu’on bâtiroit une ville nouvelle qui seroit le siège du gouvernement. On a choisi l’emplacement le plus avantageux sur le bord d’un grand fleuve ; on a arrêté que la ville s’appelleroit Washington ; la place de tous les édifices publics est marquée ; on a mis la main à l’œuvre, et le plan de la cité-reine circule déjà dans toute l’Europe. Essentiellement, il n’y a rien là qui passe les forces du pouvoir humain ; on peut bien bâtir une ville : néanmoins, il y a trop de délibération, trop d'humanité dans cette affaire ; et l’on pourroit gager mille contre un que la ville ne se bâtira pas, ou qu’elle ne s’appellera pas Washington, ou que le Congrès n’y résidera pas.