Page:Considérations sur la France.djvu/159

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commun avec la précipitation d’un particulier systématique. Lorsque le roi de France a dit : Que la constitution françoise soumet les lois à des formes qu’elle a consacrées, et le souverain lui-même à l’observation des lois, afin de prémunir la sagesse du législateur contre les pièges de la séduction, et de défendre la liberté des sujets contre les abus de l'autorité, il a tout dit, puisqu’il a promis la liberté par la constitution. Le Roi ne doit point parler comme un orateur de la tribune parisienne. S’il a découvert qu’on a tort de parler de la liberté comme de quelque chose d’absolu, qu’elle est au, contraire quelque chose susceptible de plus et de moins ; et que l’art du législateur n’est pas de rendre le peuple libre, mais assez libre, il a découvert une grande vérité, et il faut le louer de sa retenue au lieu de le blâmer. Un célèbre romain, au moment où il rendoit la liberté au peuple le plus fait pour elle, et le plus anciennement libre, disoit à ce peuple : Libertate modice utendum[1]. Qu'eût-il dit à des François ? Sûrement le Roi, en parlant

  1. Tit.-Liv., XXXIV. 49.