Page:Considérations sur la France.djvu/161

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constitution n’est que le recueil des lois fondamentales ; et le Roi ne peut toucher à ces lois. S’il l’entreprenoit, les trois ordres auroient sur lui le veto, comme chacun d’eux l’a sur les deux autres.

Et l’on se tromperoit assurément, si l’on accusoit le Roi d’avoir parlé trop vaguement, car ce vague est précisément la preuve d’une haute sagesse. Le Roi auroit fait très-imprudemment, s’il avoit posé des bornes qui l’auroient empêché d’avancer ou de reculer : en se réservant une certaine latitude d’exécution, il étoit inspiré. Les François en conviendront un jour : ils avoueront que le Roi a promis tout ce qu’il pouvoit promettre.

Charles II se trouva-t-il bien d’avoir adhéré aux propositions des Ecossois ? On lui disoit , comme on a dit à Louis XVIII : « Il faut s’accommoder au temps ; il faut plier : C’est une folie de sacrifier une couronne pour sauver la hiérarchie. » Il le crut, et il fit très-mal. Le roi de France est plus sage : comment les François s’obstinent-ils à ne pas lui rendre justice ?

Si ce prince avoit fait la folie de proposer aux François une nouvelle constitution, c’est alors qu’on auroit pu l’accuser