Page:Considérations sur la France.djvu/162

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de donner dans un vague perfide ; car dans le fait il n’auroit rien dit : s’il avoit proposé son propre ouvrage, il n’y auroit eu qu’un cri contre lui, et ce cri eût été fondé. De quel droit, en effet, se seroit-il fait obéir, dès qu’il abandonnoit les lois antiques ? L’arbitraire n’est-il pas un domaine commun, auquel tout le monde a un droit égal ? Il n’y a pas de jeune homme en France qui n’eût montré les défauts du nouvel ouvrage et proposé des corrections. Qu’on examine bien la chose, et l’on verra que le Roi, dès qu’il auroit abandonné l’ancienne constitution, n’avoit plus qu’une chose à dire : Je ferai ce qu’on voudra. C’est à cette phrase indécente et absurde que se seroient réduits les plus beaux discours du Roi, traduits en langage clair. Y pense-t-on sérieusement, lorsqu’on blâme le Roi de n’avoir pas proposé aux François une nouvelle révolution ? Depuis que l’insurrection a commencé les malheurs épouvantables de sa famille, il a vu trois constitutions, acceptées, jurées, consacrées solennellement. Les deux premières n’ont duré qu’un instant, et la troisième n’existe que de nom. Le Roi devoit-il en proposer cinq ou six à ses sujets pour leur