Page:Considérations sur la France.djvu/166

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son souverain légitime. Quel mérite il auroit auprès de ce prince ! par quels efforts de zèle et d’amour le Roi tâcheroit de récompenser la fidélité de son peuple ! Toujours le vœu national seroit devant ses yeux pour l'animer aux grandes entreprises, aux travaux obstinés que la régénération de la France exige de son chef, et tous les momens de sa vie seroient consacrés au bonheur des François.

Mais s’ils s’obstinent à repousser leur Roi, savent-ils quel sera leur sort ? Les François sont aujourd’hui assez mûris par le malheur pour entendre une vérité dure ; c’est qu’au milieu des accès de leur liberté fanatique, l’observateur froid est souvent tenté de s’écrier, comme Tibère : O homines ad servitutem natos ! Il y a, comme on sait, plusieurs espèces de courage, et sûrement le François ne les possède pas toutes. Intrépide devant l’ennemi, il ne l’est pas devant l'autorité, même la plus injuste. Rien n’égale la patience de ce peuple qui se dit libre. En cinq ans, on lui a fait accepter trois constitutions et le gouvernement révolutionnaire. Les tyrans se succèdent, et toujours le peuple obéit. Jamais ou n’a vu réussir un seul