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II


DE L’ORGANISATION DE LA FORCE ARMÉE.

Il existe dans tous les pays, et surtout dans les grands États modernes, une force qui n’est pas un pouvoir constitutionnel, mais qui en est un terrible par le fait, c’est la force armée.

En traitant la question difficile de son organisation, l’on se sent arrêté d’abord par mille souvenirs de gloire qui nous entourent et nous éblouissent, par mille sentiments de reconnaissance qui nous entraînent et nous subjuguent. Certes, en rappelant contre la puissance militaire une défiance que tous les législateurs ont conçue, en démontrant que l’état présent de l’Europe ajoute aux dangers qui ont existé de tout temps, en faisant voir combien il est difficile que des armées, quels que soient leurs éléments primitifs, ne contractent pas involontairement un esprit distinct de celui du peuple, nous ne voulons pas faire injure à ceux qui ont si glorieusement défendu l’indépendance nationale, à ceux qui par tant d’exploits immortels ont fondé la liberté française. Lors-