Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/92

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l’hérédité, ait eu des résultats favorables[1]. Le premier exemple est celui des Anglais en 1668, le second, celui des Suédois, aujourd’hui, mais, dans les deux cas, la légitimité, que l’hérédité consacre, est venue à l’appui de l’élection. Le prince que les Suédois ont appelé a été adopté par la famille royale, et les Anglais ont cherché dans Guillaume III le plus proche parent du roi qu’ils étaient réduits à déposséder. Dans l’un et l’autre cas, il est résulté de cette combinaison, que le prince élu librement par la nation s’est trouvé fort, à la fois, de sa dignité ancienne et de son titre nouveau. Il a contenté l’imagination par des souvenirs qui la captivaient, et la raison par le suffrage national dont il était appuyé. Il n’a point été condamné à n’employer que des éléments d’une création récente. Il a pu disposer avec confiance de toutes les forces de la nation, parce qu’il ne la dépouillait d’aucune partie de son héritage politique. Les institutions antérieures ne lui ont point été contraires ; il se les est associées, et elles ont concouru à le soutenir.

Ajoutez à cela, que les circonstances ont donné à Guillaume III un autre intérêt que celui qui d’ordinaire anime les princes, et les porte à ne travailler qu’à l’accroissement de leur puissance. Ayant à maintenir la sienne contre un concurrent qui la lui disputait, il a dû faire cause commune avec les amis de la liberté, qui, en lui conservant ses attributions, ne voulaient pas qu’elles fussent agrandies. Ceux qui auraient voulu agrandir la prérogative royale avaient en même temps pour but d’en confier l’exercice à un autre. De là vint = que, sous les trois règnes de Guillaume III, de la reine

  1. Je ne parle pas de l’Amérique, où le Pouvoir confié au président est républicain et amovible.