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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/16

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IV. Benjamin Constant à Madame Lindsay Paris, le 6 décembre 1800.

Comment serez-vous pour moi aujourd’hui ? Je vous aime davantage chaque jour, chaque minute. Mais je suis loin d’être content de votre affection, et je serais bien malheureux si je n’avais pas l’espoir que le temps, le bonheur, et le plaisir l’augmenteront et la compléteront. Je ne sais si je vous verrai ce matin, L’idée de m’en retourner sans vous voir, s’il est là, me révolte… Si je vous disais quand Elle[1] sera ici, que je suis obligé de rester auprès d’elle, vous seriez également révoltée. Oh ! si nous avions un mois de plus ! je suis convaincu que dans un mois vous serez sûre, vous serez à moi sans remords, si remords il y a à céder au sentiment le plus profond, le plus entier que vous ayez jamais inspiré. Ecrivez-moi un mot. Dites-moi que vous m’aimez, que vous êtes heureuse d’être à moi… dites que nous sommes unis pour toujours. De nous séparer maintenant ne serait pas seulement la misère et l’angoisse, mais la perfidie et la honte. Je vous aime au delà de toute expression.

  1. Mme de Staël.