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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/18

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contre nature dans lequel vous vivez, vous consacrer tout ce que je suis, tout ce que je vaux, est mon unique espérance. Mais jusqu’alors, remplissons de plaisir ces moments d’attente : ignorons ce passage qui ne peut être bien long. Raisonnez-vous quand je n’y suis pas, pour que je vous retrouve toujours convaincue que ce que vous avez de plus sage à faire c’est ce que je désire et ce que vous désirez. Je vous aime si complètement, pourquoi perdre des heures en luttes inutiles et en douleurs qui troublent des jours que vous pourriez rendre si purs et si doux ! je prêche, comme si de prêcher pouvait faire aucun bien, et j’oublie que vos lèvres sont de meilleurs avocats pour ma cause, que toute mon éloquence ! Mon unique aimée, consacrons toute notre existence à tous les plaisirs et à toutes les joies. Comblons-nous l’un l’autre de toute espèce de jouissance et d’union. Nos âmes, nos esprits sont faits l’un pour l’autre. Je n’ai jamais connu l’amour avant de te connaître. Jamais je n’ai éprouvé dans les bras d’une femme une telle félicité, quelque imparfaite soit-elle rendue par tant de résistance de votre part, et de capricieuse pudeur. Les heures que j’ai passées avec toi sont gravées plus profondément dans mon âme, que des années de calme et complet bonheur passées dans les bras d’une autre.