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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/20

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par elle, mais vous relevant par vous seule, ne devant ce qui vous afflige qu’à l’ordre contre nature qui pèse sur tout ce qui est bon et fier sur la terre, et devant à vous seule de vous être frayée, au milieu de cet ordre étroit et vicieux, une route au bout de laquelle vous vous retrouvez avec votre valeur native, et toute la pureté, l’élévation, la noblesse d’âme dont le ciel vous a douée, et que les hommes n’ont pu flétrir. Vous êtes pour moi plus qu’une maîtresse et plus qu’une amie. Vous êtes le seul être qui réponde à mon cœur et qui remplisse mon imagination. Tout ce qui est vous est pur, noble et bon. Tous les souvenirs qui vous affligent proviennent des autres et non de vous. Ce qui est vous, c’est cette égide qui vous a conservée intacte et pure ; c’est cette flamme céleste que les orages n’ont pu éteindre et qui n’a reçu des circonstances aucune atteinte, parce que rien de moins pur n’a pu s’allier avec elle ; ni en diminuer l’éclat. Vous êtes telle que vous êtes née, vous êtes ce que la nature avait destiné les femmes à être. Le passé n’a de rapports qu’à votre mémoire, mais il n’a rien pu changer dans ce qui est vous. Je vous aime de toutes les puissances de mon âme, parce que je vous comprends, parce que je vous ressemble, parce que moi aussi j’ai fait le voyage de la vie seul par mon caractère, au milieu des luttes que j’ai livrées et des torts qu’on m’a prêtés. Mon amie, nous avons traversé des déserts peuplés