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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/24

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C’est une bien faible barrière si votre courage et votre bonté ne me soutiennent pas. Voilà pourquoi, mon Anna, mon amour, ma seule félicité en ce monde, il faut m’accorder encore quelques heures de bonheur et de sécurité ininterrompue. Je mourrai si je passe huit jours dans le bouleversement que j’éprouve. J’ai besoin de te voir, de te presser sur mon cœur, de mourir sur tes lèvres. Ange à moi, ange adoré, j’ai besoin de verser mon âme dans la tienne, et de retrouver ces sensations qui sont devenues ma vie. Cette vie est en tes mains. Mon sang bout, tous mes sens sont dans une agitation que ton regard et tes baisers seuls calment. Je t’aime avec fureur, soyons toujours unis. Donne-moi de longues heures. L’avenir nous assure le bonheur, mais pour y atteindre, pour franchir l’intervalle, j’ai besoin de plaisir, d’amour et de ce délire que tu éprouves et que tu donnes ; j’ai besoin de cette vie décuple de la vie ordinaire et qui est un océan de bonheur. Je te verrai à deux heures.

VIII. Benjamin Constant à Madame Lindsay 25 décembre 1800, minuit et demi.

Les derniers moments de notre conversation ont versé un peu de calme et d’espoir dans mon