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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/25

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cœur, et ces sentiments m’ont permis de soutenir un entretien convenable durant une demi-heure et de me retirer pour penser à vous, ma seule amie, ma vie, mon bonheur dans ce monde. Je ne puis dormir. Toutes mes artères sont pleines de vous, mon cœur bat à se rompre, je crois vous voir et respirer la douce atmosphère qui vous entoure, hors de laquelle j’étouffe et ne saurais vivre. Mon Anna, nous sommes unis pour l’éternité, la mort seule peut nous séparer. Mon amour, mon affection, mon estime, chaque sentiment dévoué et raffiné ou de toute nature, grandit et se fortifie à chaque instant. Je t’aime, je t’adore, je n’ai d’autre pensée que toi au monde. Je me sens poussé à parler de toi ou de ce qui t’entoure, de nommer ta rue, ou V… ou B… ou n’importe quoi qui rappelle notre entourage, nos soirées, vous en somme, centre de toutes les émotions de mon âme, source de toute joie, ornement, félicité, orgueil de ma vie. Anna, je t’aime, je ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer ce que je ressens. Je t’aime parce que tu es belle et bonne, généreuse et sublime, une femme comme Milton décrit la première des femmes, une femme comme la nature entendait que soient ces compagnes, ces amies, ces meilleures moitiés de l’homme. Je n’ai jamais ressenti pour aucune créature