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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/58

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à un accommodement pompeux avec sa femme, et de vous offrir une situation secondaire, indigne de vous, il eût senti ce que vous valez, et vous assurer [ ? sic], fixer, et aux yeux du monde honorer votre existence, mon devoir eût été de me retirer. Je ne sais si j’aurais pu le remplir. Je vous aimais et je vous aime encore avec une passion qui maîtrise mon cœur et mes sens dans tout ce qui ne met pas votre bonheur en péril. Mais ce devoir ne me fut pas imposé. Je sus que M. de L… méditait une réconciliation flétrissante pour lui, injurieuse pour vous : qu’il vous destinait à tester sa maîtresse, aux dépens et par la fortune de sa femme. Vous me dites ce que j’aurais attendu de tout être doué de quelque fierté, qu’indépendamment de votre sentiment pour moi, vous n’auriez pas consenti à cet humiliant partage. Il vous restait à dénouer vos liens et à terminer avec lui, de la manière la plus amicale possible, des arrangements dont la fortune de vos enfants dépendait. Je ne cessais pas de vous dire qu’il ne fallait avoir que ce but en vue ; qu’il ne fallait ni rompre, ce qui était imprudent, ni renouer, ce qui était honteux, mais en partant d’une situation à laquelle votre attachement pour moi ne changeait rien, qu’il fallait, par vos amis communs, faire sentir à M. de L… l’impossibilité de subir la situation qu’il vous proposait, et la nécessité d’assurer la créance la plus légitime et la plus sacrée.