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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/60

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d’une conduite parfaite et d’une véritable amitié. Qu’appelez-vous rompre ? Est-ce que vous ne m’avez pas dit vous-même, qu’elle disait que nous n’avions plus d’amour l’un pour l’autre ? N’êtes-vous pas convaincue que depuis que je suis lié à vous, je n’ai pressé dans mes bras aucune autre femme ? Cette rupture peut-elle être authentique, s’arrêter à l’amour et ne pas blesser l’amitié ? Faut-il que je constate d’abord qu’elle m’a aimé et ensuite que nous ne nous aimons plus ? Comment rompre authentiquement sans se brouiller, et pourquoi me brouillerais-je ? A quel titre ? Qu’a-t-elle fait pour perdre mon amitié ? Car, je le répète, il n’est plus question d’amour. Vous sentez si bien que cette authenticité de rupture est impossible, que vous avez été entraînée à me demander une chose indigne de vous et de moi. Je copie votre phrase « on m’a dit si souvent que vous professiez de l’amour pour elle, pendant que vous vous efforciez de me le prouver, que sous ce rapport aussi je ne me contenterais pas de simples assurances de votre part. En cas que vous, m’aimiez assez pour vouloir me reprendre, rien moins qu’une lettre d’elle ne calmerait mes scrupules ». Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce une rouerie digne des Liaisons dangereuses que vous me proposez ? Avez-vous songé que livrer les lettres d’une femme qui nous a aimé, est une de ces perfidies dignes de l’homme le plus vulgaire, et qui le