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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/63

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Si vous vous séparez de M. de L… à cause de son raccommodement avec sa femme, vos demandes auront pour elles toute faveur. Car on verra que vous faites, en refusant de vivre avec lui, un sacrifice de fortune et un acte de désintéressement volontaire. Personne ne pourra vous soupçonner de motifs sordides ni de prétentions exagérées. Mais si vous partez d’un lien nouveau, l’on ne verra plus dans votre séparation avec M. de L… un acte de désintéressement, mais une rupture inévitable, puisque vous ne pouvez pas avoir deux amants à la fois : et dans vos réclamations, quelque fondées qu’elles soient, l’on ne verra que le désir de tirer encore parti d’une liaison ancienne. Sous quel point de vue pensez-vous que je paraîtrai aux yeux du public, moi qui souffrirai qu’une femme dont l’existence serait attachée à la mienne demandât à l’homme dont elle aurait été longtemps la maîtresse… de l’argent ! Peu importe que cet argent vous soit dû… ne sentez-vous pas, que dans la discussion, qui suivrait une rupture avec M. de L… indélicat comme il l’est sous tant de rapports, il lui serait facile de tout confondre ? J’aurais l’air de vous diriger, de vous pousser contre lui, pour ajouter à une fortune dont je pourrais profiter. Il serait favorisé par le public, avide de ce qui peut flétrir un républicain, et circonvenu par la nombreuse clientèle,