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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/72

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ne pouvoir m’aimer avec la même énergie ; quelles émotions vous sont inconnues !… Grands dieux ! ne vous apercevez-vous pas des effets de la passion funeste que vous m’avez inspirée ? Ne suis-je pas dans un état voisin de l’aliénation d’esprit ? Vainement je veux m’étourdir, une seule idée me possède. Elle asservit, absorbe mon existence entière. Je n’entreprends pas de la détruire. N’être plus à vous, vous laisser bien complètement à vous-même, et vous dispenser par cette liberté de la nécessité d’être perfide, voilà ce qui va m’occuper. Je souffrirai. Ce 25 messidor, à une heure et demie du matin.

XXIII. Benjamin Constant à Madame Lindsay 23 juin 1803.

[Deux ans après la rupture.] Malheureux que je suis de ne t’avoir pas entendue, ange, de tous les êtres du monde le seul dont la présence me charme et me rappelle à la vie ? mais quelle lettre tu m’écris ! Que me demandes-tu ? Puis-je penser à autre chose qu’au bonheur d’être aimé de toi ? je ne sais pas si je suis coupable, je ne sais si je devrais sacrifier à ce que tu nommes ton repos, ce qui nous