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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/84

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tant d’autres, de ce que, sous le nom de liberté, l’on avait établi successivement divers modes de tyrannie, que la tyrannie était un bien et la liberté un mal. Elle n’avait pas cru que la République pût être déshonorée parce qu’il y avait des méchants ou des sots qui s’étaient appelés républicains. Elle n’avait pas adopté cette doctrine bizarre, d’après laquelle on prétend que, parce que les hommes sont corrompus, il faut donner à quelques-uns d’entre eux d’autant plus de pouvoir ; elle avait senti, au contraire, qu’il fallait leur en donner moins c’est-à-dire placer, dans des institutions sagement combinées, des contre-poids contre leurs vices et leurs faiblesses. Son amour pour la liberté s’était identifié avec ses sentiments les plus chers. La perte de l’aîné de ses fils fut un coup dont elle ne se releva jamais ; et cependant, au milieu même de ses larmes, dans une lettre qu’elle adressait à ce fils tant regretté, lettre qui n’était pas destinée à être vue, et que ses amis n’ont découverte que parmi ses papiers, après sa mort ; dans cette lettre, dis-je, elle exprimait une douleur presque égale de la servitude de sa patrie sous le régime impérial ; elle s’entretenait avec celui qui n’était plus de l’avilissement de ceux qui existaient encore, tant il y avait dans cette âme quelque chose de romain ! En lisant ce que je viens d’écrire sur les opinions de Julie en politique, on se figurera