le véritable point de toutes les questions, sérieuses ou frivoles. Elle disait toujours ce qu’il fallait dire, et l’on s’apercevait avec elle que la justesse des idées est aussi nécessaire à la plaisanterie qu’elle peut l’être à la raison. Mais ce qui la distinguait encore beaucoup plus que sa conversation, c’étaient ses lettres. Elle écrivait avec une extrême facilité, et se plaisait à écrire. Les anecdotes, les observations fines, les réflexions profondes, les traits heureux se plaçaient sous sa plume sans travail, et cependant toujours dans l’ordre le plus propre à les faire valoir l’un par l’autre. Son style était pur, précis, rapide et léger ; et, quoique le talent épistolaire soit reconnu pour appartenir plus particulièrement aux femmes, j’ose affirmer qu’il n’y en a presque aucune que l’on puisse, à cet égard, comparer à Julie. Madame de Sévigné, dont je ne contesterai point la supériorité dans ce genre, est plus intéressante par son style que par ses pensées ; elle peint avec beaucoup de fidélité, de vie et de grâce ; mais le cercle de ses idées n’est pas très étendu. La cour, la société, les caractères individuels, et, en fait d’opinions, tout au plus les plus reçues, les plus à la mode ; voilà les bornes qu’elle ne franchit jamais. Il y a, dans les lettres de Julie, plus de réflexion ; elle s’élance souvent dans une sphère plus vaste ; ses aperçus sont plus généraux ; et, comme il n’y a jamais en elle ni projet, ni pédanterie, ni emphase, comme