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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/90

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aucune influence sur le reste de ses idées ou de sa conduite, mais en excitant toujours en elle une assez vive irritation quand elle était contredite sut ce point. J’ai vu cette incrédulité aux prises avec l’épreuve la plus déchirante. Le plus jeune des fils de Julie fut attaqué d’une maladie de poitrine qui le conduisit lentement au tombeau ; elle le soigna pendant près d’une année, l’accompagnant de ville en ville, espérant toujours désarmer la nature implacable, en cherchant des climats plus doux ou des médecins plus habiles. Toutes ses affections s’étaient concentrées sur ce dernier de ses enfants. La perte des deux premiers le lui avait rendu plus cher. L’amour maternel avait remplacé en elle toutes les autres passions ; cependant, au milieu de ses anxiétés, de ses incertitudes, de son désespoir, jamais la religion ne se présenta à son esprit que comme une idée importune, et, pour ainsi dire, ennemie ; elle craignait qu’on ne tourmentât son fils de terreurs chimériques ; et, dans une situation qui aurait, à ce qu’il semble, dû lui faire adopter presque aveuglément les consolations les plus improbables et les espérances les plus vagues, la direction que ses idées avaient prise, plus forte que les besoins de son cœur, ne lui permit jamais de considérer les promesses religieuses que comme un moyen de domination et un prétexte d’intolérance. Je ne puis ici m’empêcher