Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/45

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Le roi ordonna à la princesse de préparer un mouchoir de feuilles de bétel[1], il fit sur ce mouchoir une cérémonie magique, il fit ensuite entrer tous les hommes dans le palais, donna le mouchoir à sa fille, ordonna à ses serviteurs d’étendre une natte où tous les hommes pussent se tenir, et à ceux-ci de s’accroupir tous sur une ligne. Ensuite le roi ordonna à la princesse de jeter le mouchoir de feuilles de bétel qu’elle avait préparées droit dans cette troupe d’hommes. Mais le mouchoir vola par dessus et ne toucha aucun de ces hommes.

Le roi dit : Si ce mouchoir de feuilles de bétel vole droit à quelque homme et entre dans le nœud de sa ceinture, cet homme sera le mari de ma fille. Le roi demanda : De tout le pays êtes-vous tous venus ici, ou reste-il encore quelqu’un ? Tous les hommes répondirent : Poussière des pieds sacrés de votre Majesté, nous sommes venus tous, seigneur ! Il n’y a plus personne à venir sauf le seul Tabong le paresseux.

Le roi demanda : Pourquoi n’est-il pas venu ? Les gens répondirent : Cet individu-là est très paresseux, nul en ce monde n’est paresseux autant que lui ; il a quarante couches de crasse sur le corps, et ne se lave qu’une fois par an. Il est paresseux depuis qu’il est sorti du ventre de sa mère.

Le roi ordonna à ses serviteurs d’aller le chercher ; ils le trouvèrent étendu à la renverse sur un lit. Il demanda aux serviteurs : Frères, que venez-vous faire ici ? Les serviteurs répondirent : Le roi nous a envoyés inviter Tabong le paresseux à venir au palais pour que la princesse lui jette le mouchoir de feuilles de bétel. Si le mouchoir vole droit à Tabong le paresseux il sera le mari de la princesse. Tabong le paresseux répondit : Je n’irai pas. Qu’irait faire là un homme comme moi ?

  1. Voir la note 3 du premier conte.