Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aimable ; si elle avait un défaut, c’était une fierté causée par l’élévation de son âme, de son cœur et de son esprit.

— Dieu soit loué ! s’écria Paul, ne pouvant retenir cette exclamation.

— Vous n’avez rien de désagréable à apprendre sur le caractère de votre mère, mon fils ; si elle n’était point parfaite, il ne lui manquait aucune des vertus d’une femme, et elle aurait pu, elle aurait dû rendre heureux tout homme raisonnable. Son cœur était libre, et elle accepta mes offres de mariage. Miss Warrender n’était pas riche, et indépendamment des autres motifs qui influaient sur ma conduite, et que rien ne saurait justifier, je pensai que je trouverais de la satisfaction à être accepté pour moi-même, et non pour ma fortune. Dans le fait, je devins méfiant et dissimulé, car je ne me souciais pas d’avouer la faiblesse qui m’avait porté à changer de nom. Les lois simples de ce pays sur le mariage ne nécessitaient aucune explication, car nous n’avions besoin ni de publications de bans, ni de dispense, et le nom de baptême est le seul qu’on prononce dans la cérémonie. Nous fûmes donc mariés ; mais je n’oubliai pas assez mes devoirs et la justice pour négliger de me procurer un certificat de mariage en mon nom véritable, sous promesse du secret. Si vous alliez à l’endroit où la cérémonie fut célébrée, vous trouveriez le mariage de John Effingham et de Mildred Warrender dûment mentionné sur les registres de la paroisse à laquelle appartenait le ministre qui le prononça. Je fis donc à cet égard ce que la justice exigeait ; mais, par suite d’une infatuation sans motif, — que je pourrais à peine expliquer aujourd’hui, — et qui ne peut s’expliquer qu’en l’attribuant à l’inconséquence produite par mon ancienne et cruelle passion, je cachai mon véritable nom à celle pour qui je n’aurais dû avoir aucun secret. Je me persuadai, — je cherchai à me persuader, — que je n’étais pas un imposteur, puisque, du côté de ma mère, je descendais de la famille dont j’avais pris le nom, et je m’efforçai de croire que ma paix serait facile à faire quand j’avouerais à ma femme qui j’étais véritablement. Lorsque j’avais connu miss Warrender, elle demeurait avec une tante bien intentionnée, mais d’un caractère faible, et elle n’avait avec elle aucun parent pour prendre ces informations auxquelles ne manquent jamais de songer les personnes qui ont quelque expérience du monde. Il est vrai que j’avais fait leur connaissance dans des circonstances favorables, et elles avaient tout lieu de me croire