Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/253

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Enfin le contre-maître, en continuant son examen, trouva une paire de pistolets bien montés. C’était une arme qu’il connaissait parfaitement, et il reconnut qu’ils étaient chargés. Cette vue parut lui rappeler le danger que couraient son commandant et l’Ariel, et lui faire sentir la nécessité de partir sans délai. Il mit les pistolets dans sa ceinture de toile bleue, et reprenant son harpon, il s’approcha du lit au pied duquel Borroughcliffe était assis par terre.

— Écoutez, l’ami, lui dit-il, que Dieu vous pardonne aussi bien que je le fais moi-même d’avoir voulu faire un soldat d’un marin qui a vécu sur l’eau depuis l’instant où il a ouvert les yeux, et qui espère mourir sur l’Océan pour être enterré dans l’eau salée ! Je ne vous veux pas de mal, mais il faudra que vous gardiez le bouchon dans le goulot jusqu’à ce que quelqu’un de vos camarades vienne de ce côté, et je souhaite que ce soit dès que j’aurai pris le large.

Après ces souhaits de condoléances, Tom Coffin sortit de la chambre, laissant à Borroughcliffe la lumière et la possession de son appartement, quoiqu’il y fût dans une position fort gênante et dans une situation d’esprit à laquelle personne n’aurait porté envie. Quand le contre-maître fut sorti, le capitaine entendit le bruit du double tour qu’il fermait, et celui de la clef qu’il retirait de la serrure ; double précaution qui annonçait que le vainqueur voulait assurer sa retraite en prolongeant, au moins pour quelque temps, la détention du vaincu.


CHAPITRE XXIII.


Ah ! lorsque la vengeance lève son bras nu dans un jour sombre, ô terreur ! qui peut voir cet affreux spectacle et ne pas avoir l’air effaré comme toi ?
Collins. Ode à la peur.


Il est certain que Tom Coffin n’avait pas un plan d’opération bien formé quand il sortit de la chambre de Borroughcliffe, si ce n’est la ferme détermination de retourner sur l’Ariel le plus