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d’ailleurs aussi inefficaces que sévères et les faiseurs de mots — la race en est vieille — continuèrent à répéter ; « Cœlibes, cœlites[1]. » Le célibat, c’est le ciel.

Les Empereurs chrétiens abrogèrent les lois caducaires, et le christianisme, qui transforma les conceptions sur la valeur morale du célibat, sauva pour longtemps les célibataires. Il faut, croyons-nous, remonter jusqu’au droit moderne, pour retrouver contre eux ces mesures de défaveur qui font l’objet de notre entretien. Mais elles ne puisent plus leur raison d’être aussi profondément dans le milieu social. Elles n’ont plus le même caractère de sévérité et surtout de généralité. On cesse de mépriser les célibataires. C’est par périodes et, pour ainsi dire, par accès qu’on les pourchasse, deux fois, sous la Révolution et de nos jours et pour des raisons différentes. Il faut aller chercher cette législation fragmentaire à des sources très diverses, essuyer la poussière vénérable d’un volume du Moniteur ou couper les feuillets neufs d’un récent traité de législation coloniale, et j’invoque d’avance votre indulgence pour les lacunes que présente forcément un pareil exposé.


II


Si le mouvement révolutionnaire contre les célibataires a des précédents dans notre droit, il faut les chercher dans un édit de Louis XIV[2] qui constate, en novembre 1666, que « la dignité des mariages est déprimée » et ne saurait approuver « que ceux de nos sujets qui vivent hors le ma-

  1. Cartier, p. 111.
  2. Isambert, Anc. lois, t. XVIII, pp. 90 sq.