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riage soient bien plus favorablement traités, dans la contribution aux charges publiques, que ceux qui s’y trouvent engagés ». Aussi l’édit, entre autres mesures de faveur, accorde une exemption d’impôts temporaire aux jeunes gens mariés dans la 20e année, totale au père de 12 enfants, une pension aux gentilshommes pères d’une nombreuse famille, 1000 livres pour 10 enfants et 2.000 livres pour 12. Il ordonne au contraire expressément « que tous nos sujets taillables qui ne seront mariés dans la 21e année soient compris et imposés aux tailles et autres charges et impositions publiques, à proportion de leurs biens et moyens, commerce, arts, métiers, et autres emplois auxquels ils seront adonnés. » C’était simplement soumettre les célibataires à la rigoureuse observation du droit commun. L’édit fut d’ailleurs révoqué par Déclaration du 23 janvier 1683[1].

La législation révolutionnaire est plus sévère et plus complète. Son caractère original est d’être inspirée avant tout d’idées morales, et son but est de régénérer la société plutôt que de développer la population. C’est ce qui rend si touchants et si curieux certains discours du Moniteur et certaines théories de Montyon, malgré leur forme d’une emphase surannée, marque d’une époque où les grands sentiments se drapaient trop volontiers de grandes phrases.

Comme soldat, le célibataire formait la première classe des gardes nationaux qui pouvaient être appelés pour la formation des corps détachés[2].

Comme contribuable il est frappé par un sensible relèvement d’impôts : le décret du 13 janvier 1791 le place dans une classe supérieure à celle déterminée normalement par

  1. Isambert, Anc. lois, t. XIX, p, 413.
  2. Carlier, loc. cit, p. 91.