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LAPIN. s. m. Petit Animal sauvage, qui se retire dans les bois où il creuse des terriers, mais qui s’apprivoise assez aisément. Il est gris, couleur de cendre, blanc, noir & marqueté. Il y en a dont la couleur tire sur le roux. On ne le chasse point comme le liévre, & on le prend à l’affust. Il a les oreilles droites & une queuë courte.

LAPINE. s. f. La femelle du Lapin. On l’appelle communement Hase. Les Lapins peuplent beaucoup, & on tient que les femelles portent tous les mois cinq ou six petits. M. Ménage fait venir ce mot de Leporellus, ou de Lepinus, diminutif de Lepus, Liévre.

LAPIS. s. m. Sorte de pierre pretieuse, bleuë, qui est opaque, & marquetée de petits points d’or. Dioscoride dit qu’elle croist en Chypre, aux mines de bronze, & qu’on en trouve pourtant en plus grande quantité parmy les sables de la mer en certaines cavernes creusées par les flots. Le meilleur Lapis est celuy qui est le plus chargé en couleur. On le trouve en morceaux quarrez ou ovales qui ont quelquefois six à sept pouces de haut. Il est plus tendre que l’Agate, & sert à orner des cabinets & autres ouvrages. Les Arabes appellent cette pierre Lapis azuli ou Lapis lazuli, d’où vient le mot d’Azur qui est la mesme chose. Les Grecs le nomment κυάνοζ, Pierre bleuë. Aussi l’azur d’outremer est-il composé de celuy qui ne peut estre employé. On le brusle comme le Vitriol, & on le lave de mesme que la calamine. Matthiole dit qu’il a grand rapport avec la pierre Armenienne, non seulement en ce que ces deux pierres croissent dans les mesmes mines, & l’une avec l’autre, mais parce qu’elles ont presque les mesmes proprietez pour évacuer les humeurs mélancoliques, desorte que quelques Arabes les ont confonduës. Toute la difference qu’il y a, c’est que le Lapis lazuli est tout marqueté de filets d’or, & que la pierre Armenienne est parsemée de verd & de noir. Pour bien choisir la pierre d’azur appellée Lapis stellatus, par Mesué, il faut qu’elle soit d’une couleur azurée qui devienne plus bleüe en la brûlant, pesante, polie, & qu’on y voye éclater quantité de petites paillettes d’or. Elle est bonne pour la veüe, & tient l’esprit gay si on la porte sur soy. Estant brûlée & lavée, elle recrée toutes les parties internes.

LAPPA. s. f. Sorte d’herbe dont il y a de deux sortes. La Lappa major, que Dioscoride appelle Personata, a les feüilles comme la courge, mais plus grandes, plus veluës, plus noires & plus épaisses. Elle a sa tige blanchastre, & n’en jette aucune quelquefois. Sa racine est blanche au dedans, & noire au dehors. Cette racine pilée & appliquée en façon de cataplasme, appaise les douleurs des détorses & des jointures, & ses feüilles enduites sur de vieux ulceres, y sont fort propres. La Lappa minor ou Lappa Inversa, qu’on appelle aussi Petite Dardane, ou Petit Glouteron, croist aux lieux gras & aux étangs dessechez. Sa tige est haute d’une coudée, anguleuse, grasse, & toute garnie d’ailes & de concavitez. Ses feüilles sont déchiquetées & ont l’odeur du cresson alenois. Son fruit est comme une grande olive, rond, épineux, houssu, & piquant ainsi que le fruit du plane, lors qu’il est meur ; il s’attache aux vestemens des passans. Sa graine est fort bonne, estant appliquée sur les tumeurs & enfleures.

LAQ

LAQUE. s. f. Espece de gomme un peu rougeastre, dont on fait la cire d’Espagne, & qui entre dans la composition du Vernis, & sert à plusieurs autres


usages. Elle se fait aux Indes par le concours d’une infinité de petits moucherons, qui s’amassent sur de petits bastons gluans, disposez exprés pour les y faire venir, aprés quoy on ratisse ces bastons. Il y en a qui croyent que la Laque se fait du suc d’un certain Arbre fort haut qui se trouve abondamment dans plusieurs endroits des Indes Orientales, comme au Pegu, à Bengala, & à Malavar, où de grandes fourmis qui sont ailées viennent tirer ce suc, qu’elles convertissent en Laque, comme les abeilles convertissent celuy des plantes en miel. Cette Laque demeure congelée aux branches, en sorte qu’il s’y trouve assez souvent des ailes de fourmis. D’autres veulent que cette Laque sorte d’elle-mesme sans aucune incision de l’arbre, & qu’elle s’attache & s’endurcit autour des branches. Il y a aussi une gomme precieuse, appellée Laque, qu’on apporte de la Chine. Elle est de couleur rouge, & vient à une espece de Cerisier.

La Laque des Apothicaires, nommée par les Latins Cancamum, est une gomme rousse & claire, presque semblable à la myrrhe, & qui environne les rameaux d’un Arbre que nous ne connoissons pas. Matthiole dit qu’il y en a de deux especes, dont la seule difference est en la bonté, la meilleure appellée Lacca Sumetri, & la moindre, Lacca Combreti, qui peut-estre, ajouste-t’il, ont pris leurs noms des lieux d’où on les apporte, soit d’Arabie, soit d’ailleurs. On la cuit pour servir de teinture rouge aux draps, & cette teinture se nomme Kermes. On appelle aussi Lacca, ce qui reste au fond de la chaudiere où les Teinturiers teignent leurs draps. La Laque est chaude moderément selon les uns, & au second degré selon les autres. On s’en sert particulierement dans les obstructions de la rate, de la vesicule du fiel, du foye & des poumons, à cause qu’elle est incisive, attenuative, & detersive de toutes matieres crasses & visqueuses. Elle est bonne aussi dans l’hydropisie, dans la jaunisse, dans l’asthme, dans l’apostume des poumons, pour faire sortir la rougeole & la petite verole, & peut servir de remede à toutes les maladies malignes, sur tout à la peste.

Outre la Laque naturelle, il y a plusieurs sortes de Laque artificielle, qui se font de la lie & fondrée de plusieurs teintures, & servent seulement aux Peintres. On en fait de grains de pimpernelle que l’on appelle Chermes ou Chermesin. On en fait aussi avec de la Cochenille ou de la bourre d’écarlatte, ou avec du bois de bresil ou d’autres differens bois. Cette couleur ne subsiste pas à l’air.

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LARDER. v. a. Mettre des lardons à de la viande. Acad. Fr. On dit en termes de Marine, Larder la bonnette, pour dire, Piquer une bonnette avec des bouts de fil de voile, & la larder d’étoupe, afin de s’en servir à découvrir par où un Vaisseau a esté percé à l’eau par quelque coup de canon, quand on a peine à reconnoistre où est la voye d’eau. Pour cela, aprés avoir moüillé la bonnette ainsi piquée, on jette de la cendre ou de la poussiere sur ces bouts de fil, afin que prenant un peu de poids, la bonnette enfonce dans l’eau. On la descend alors dans la mer, & on la promene à bas bord ou à stribord de la quille, jusqu’à ce qu’elle se rencontre opposée à l’ouverture que le canon a faite dans le bordage. Si-tost que cela arrive, l’eau qui court pour y entrer, pousse la bonnette contre le trou, & la bonnette & la voye d’eau font une espece de gazoüillement qui le fait connoistre.


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