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veluës, mais celles qui sont le plus prés de sa racine, ont plus de cotton que les autres. Les testes qui sortent du bout de ses tiges sont comme trouées. Elle a ses fleurs noires, & sa graine tellement couverte de bourre, qu’on a de la peine à la trouver. Sa racine est petite, & on s’en sert à resoudre les petites humeurs. Matthiole accuse d’erreur Brunfelsius qui prend l’Alchimilla pour le Leontopodium. Ce mot vient aussi de λέων, Lyon, & de pous, Pied, en Latin Pes Leonis.

LEOPARD. s. m. Animal cruel & farouche, qui a la peau marquetée de diverses taches. Ses yeux sont petits & blancs, le devant de sa teste long, l’ouverture de sa gueule grande, & ses dents aiguës. Il a les oreilles rondes, le cou long ainsi que le dos avec une grande queuë & cinq griffes fort aiguës aux pieds de devant, & quatre à ceux de derriere. Les uns tiennent que cet animal est tellement ennemy de l’homme, que s’il en voit un en peinture, il se jette dessus avec fureur, & le met en pieces. D’autres disent qu’il ne fait jamais aucun mal aux hommes, si les hommes ne l’attaquent, mais qu’il devore les chiens. On veut que le Leopard soit engendré d’un Lyon & d’une Panthere, & que sa femelle prenne le nom de Panthere.

Le Leopard a peine à souffrir le Tygre, quoy que le Tygre soit moins fort que luy, & quand il se sent poursuivi, il efface ses traces avec sa queuë afin que son Ennemy ne les puisse reconnoistre. Comme ces animaux sont cruels & dangereux, on leur tend beaucoup de pieges au Royaume de Quojas, Pays des Noirs, & lors qu’on en a pris quelqu’un dans un des Villages où le Roy ne demeure pas, on est obligé de le porter au lieu de sa residence. Ce qu’il y a de fort singulier, c’est que ces Negres appellant le Leopard le Roy des Forests, ceux qui demeurent dans le Village royal vont au devant de ceux qui portent cet animal, persuadez qu’il leur seroit honteux de souffrir, qu’un autre Roy que le leur entrast dans la place, sans qu’ils y missent obstacle. Cela produit un combat, dans lequel si les porteurs du Leopard sont vaincus, il vient un homme de la part du Roy qui les introduit dans le village. Ils trouvent tout le peuple assemblé dans le marché où l’on écorche le Leopard. On donne la peau & les dents au Roy, & la chair que l’on fait cuire est distribuée au Peuple qui passe tout ce jour là en rejoüissance. Il n’y a que le Roy qui n’en mange point, à cause que nul animal ne doit manger son semblable, & que celuy cy est appellé Roy comme luy. Il ne veut pas mesme s’asseoir ny marcher sur sa peau, qu’il fait vendre incontinent. Pour les dents, il en fait present à ses femmes, qui en font des colliers meslez de corail, ou les pendent à leurs habits.

LEOPARDÉ. adj. Terme de Blason. Il se dit du Lion passant. D’or à trois Lions Leopardez de sable l’un sur l’autre.

LEP

LEP. s. m. Vieux mot. Lievre masle. On a dit aussi Liepe, & Liepvre, de Lepus.

LEPIDIUM. s. m. Herbe qui croist ordinairement par tout, & mesme auprés des vieux sepulchres & vieilles masures, & proche les grands chemins, aux lieux qui ne sont point cultivez. Galien fait voir suivant l’autorité d’Hygienus Hipparchus, que le Lepidium & l’herbe que l’on appelle Iberis, est la mesme chose. Matthiole est aussi de ce sentiment. Cette herbe est toûjours verte, & produit ses feüilles semblables au Nasitort, mais plus grandes. L’Esté elles pendent jusqu’à ce que la rigueur


du froid l’ait reduite en sarment. Elle fleurit au Printemps, & a sa tige haute d’une coudée, quelquefois plus, & quelquefois moins. La fleur qu’elle jette est blanche, fort petite & de couleur changeante. Pour sa graine, elle est si mince que l’on a peine à la voir. Sa racine a une odeur fort aiguë, & qui tire à celle du Nasitort. Le Lepidium est propre à guerir les sciatiques. On l’a appellé ainsi de lepis, Ecorce, écaille, qui vient de λέπειν, Oster l’écorce, à cause que cette herbe a la vertu de faire partir les taches du visage.

LEQ

LEQUEAU. Pronom relatif masculin, qui s’est dit autrefois pour Lequel.

Lequeau a perdu son procez,
Triulati de Grec en Francez.

LER

LERRE. s. m. Vieux mot. Larron. On a dit aussi Lierre, dans le mesme sens.

LERRER. v. a. Vieux mot. Laisser. On a dit long-temps, Je Lerray, pour, Je laisseray.

LES

LESCHE. s. f. Vieux mot. Petite resne.

LESCHERIE. s. f. Vieux mot. Gourmandise, friandise. Il s’est pris aussi pour un lieu où l’on trouve des femmes débauchées, ce qui les a fait appeller Leschierres. On a dit aussi ce dernier mot pour Friand.

Ainsi com fait li bon leschierres,
Qui des morseauls est connoissierres.

Lescheur s’est dit dans le mesme sens.

LESSE. s. f. Espece de petit cordon de soye, de laine, de crin d’or ou d’argent, dont on fait plusieurs tours, sur la forme d’un chapeau pour la tenir en estat.

Lesse. Fiente ou excrement des Sangliers ou autres bestes semblables. On appelle Lesses au pluriel Les lieux où les Loups aiguisent leurs ongles.

LESSIVE. s. f. Nettoyement, blanchissage de linge que l’on fait dans le menage avec l’eau chaude & la cendre. Acad. Fr. On appelle Lessive, en termes de Pharmacie, Une sorte de medicament que l’on met au rang des fomentations. Il y a la simple & la composée. La simple se fait de cendres seules détrempées en eau, & d’ordinaire on employe celles de sarment de vigne, d’yeuse, de tiges de feves, de chesne, de chou, de lierre, de figuier & de tithymale. La composée se fait de la simple, dans laquelle on dissout ou l’on fait cuire divers simples, suivant l’usage à quoy elle est destinée. Toute Lessive a une faculté détersive. On en fait quelquefois une de tartre bruslé ou de chaux vive. Comme elle est caustique & tres-forte, elle sert à faire tomber le poil & à faire des cauteres.

La Lessive des scories du regule d’antimoine, est tenuë tres-salutaire dans l’obstruction des mois. Il faut en recevoir la fumée dans les parties genitales. C’est un remede excellent pour les lotions des ulceres malins, dont elle mondifie & deterge toutes les ordures. On s’en sert mesme efficacement quand la gangrene commence. Si la partie est tout à fait gangrenée, on croit qu’en la mettant deux ou trois fois dans cette lessive, il sort de la partie une certaine matiere grossiere, aprés quoy la gangrene se dissipe. Elle est bonne aussi pour les clysteres, où elle sert à ramollir & à purger les excre-


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