Page:Corneille - Dictionnaire des arts, 1694, T1, E-L.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LEV LEU 617

mange rosti. On appelle aussi Levraut, le plus commun des chardons qui croist sur les bords des grands chemins. Les asnes en sont plus friands que de tous les autres, à cause qu'il leur pique le palais qu'ils ont rude, de mesme que le sel & le poivre le piquent aux hommes qui l'ont delicat.

LEVRE.

s. f. Le bord de la partie exterieure de la bouche. Acad. Fr. Il se dit, en termes de Manege, de la peau qui regne sur les bords de la bouche du cheval & qui environne ses machoires. On dit qu'Un cheval s'arme de sa levre, qu'Il se deffend de ses levres, pour dire, qu'Il les a si grosses, qu'elles luy ostent le sentiment des barres en les couvrant, de sorte que l'appuy du mords en devient sourd & trop ferme.

On appelle Levres, en termes de Medecine, les deux bords d'une playe.

LEVRETER.

v. n. Vieux mot. Courir, galoper. Il a esté pris de la chasse, où quelques-uns disent Levreter, pour dire, Chasser au lievre, & se servir de levriers pour le courre.

Levreter, se dit aussi de la femelle du lievre, quand elle fait ses petits.

LEVRETERIE.

s. f. Methode d'élever des levriers.

LEVRETEUR.

s. m. Celuy qui a soin d'élever des levriers.

LEVRIER.

s. m. Sorte de Chien haut monté sur jambes, qui a la teste longue & menuë, & le corps fort delié, & dont on se sert principalement à courre le liévre. Acad. Fr. Il y a quatre sortes de Levriers. Les premiers dont les Ecossois, Irlandois, Scythes, Tartares, & autres gens du Nord sont fort curieux, s'employent à courre le Loup, le Sanglier, & autres grandes bestes, comme le Taureau sauvage & le Buffle, on les appelle Levriers d'attache. Il y en a d'assez furieux & assez hardis dans la Scythie pour attaquer les Tigres & les Lions, & ceux du pays s'en servent à garder le bestail qui n'est jamais enfermé. Les seconds Levriers servent à courre le Lievre, & passent pour les plus nobles de tous. Ce sont les plus vistes animaux du monde. Les meilleurs sont en Champagne & en Picardie, à cause des grandes plaines de ces deux Provinces, ce qui oblige à avoir des Levriers de plus grande race, de tres-grande haleine & d'une extreme vistesse. Les Turcs en ont aussi d'excellens dans leurs campagnes de Thrace qui sont d'une fort grande étenduë. Les Portugais en ont de deux sortes, les uns pour les plaines, qui sont aussi vistes qu'il y en ait en Europe, & les autres pour les costaux & pour les montagnes. Ceux-cy sont courts rablez & gigottez & fort pleins-sautiers, & il faut qu'ils soient ainsi, à cause qu'ils ont peu d'espace à courre. Les troisiémes, Francs Levriers ou Mestifs, se trouvent en Espagne & en Portugal. On les croit meslez de quelque race de Chiens courans, ou au moins de Chiens qui rident naturellement. Ces sortes de Levriers sont necessaires en ce pays-là, à cause qu'il est inculte & tout remply de broussailles, ce qui fait qu'ils ne vont qu'en bondissant aprés le gibier qui s'y trouve en abondance. Ils l'enveloppent en se secourant les uns les autres à droit & à gauche, le prennent & le rapportent. On les appelle ordinairement Charnaigres. Ils sont d'une nature tres-chaude, qui en leur donnant cette vivacité les empesche de devenir trop gras ny trop grossiers. Il y a une quatriéme sorte de Levriers qui sont de petits Levriers d'Angleterre, dont les plus hauts servent ordinairement pour courre les Lapins dans les garennes ou dans quelque lieu fermé. On les y tient en lesse proche des épinieres faites exprés, & qui


sont éloignées des trous où les Lapins se retirent estant hors de terre. Quand on veut faire courir les petits Levriers on bat les épinieres, il sort un Lapin qui veut regagner les trous, & dans cette petite étenduë de plaine qu'il doit traverser, les Levriers le bourrent, & souvent le prennent. La femelle du Levrier s'appelle Levrette, & ses petits se nomment Levrons. Tandis qu'ils sont encore sous la mere, si on veut connoistre ceux qui auront le plus de vigueur, il faut leur ouvrir la gueule, & observer s'ils ont le palais noir & de grandes ondes imprimées en leur palais. Quant au poil, les tisonnez à gueule noire, sont d'ordinaire les plus vigoureux aussi bien que ceux qui ont le corps marqueté de plus grandes marques. Les Levriers à long poil sont moins frilleux, & soustiennent la fatigue plus long-temps. Les meilleures marques pour ceux qui viennent d'une race courageuse, sont d'estre tout d'une piece, d'avoir le pied sec, l'encoleure longue, la teste longue & petite, peu de chair devant, & beaucoup derriere.

LEURRE.

s. m. Terme de Fauconnerie. Morceau de cuir rouge façonné en forme d'Oiseau, dont les Fauconniers se servent pour rappeller les Oiseaux de Fauconnerie qui ne reviennent pas tout droit sur le poing. Acad. Fr. On dit Acharner le Leurre, pour dire, Attacher un morceau de chair dessus, ce qu'on fait souvent, afin que l'Oiseau que l'on reclame trouve dequoy paistre. L'Autour & l'Espervier ne sont pas oiseaux de Leurres, mais oiseaux de poing. Ceux qu'on appelle De Leurres, sont le Faucon gentil pelerin, le Gerfaut-lanier, le Sacre, l'Aigle, le Faucon bastard, & l'Emerillon. On dit Leurrer bec au vent ou contrevent, pour tous ces oiseaux, & Reclamer, pour l'Espervier & l'Autour. Quelques-uns font venir Leurre de Lorum, Courroye, à cause que le Leurre est fait de cuir. D'autres le derivent du Grec aleôra, qui veut dire, Finesse, tromperie. Nicod parle ainsi du Leurre. C'est un instrument de Faulconnerie fait en façon de deux ailes d'Oiseau accouplées d'un cuir rouge, estant pendu à une lesse avec un esteuf ou crochet de corne au bout, servant pour affaicter & introduire l'Oiseau de Leurre qui est neuf, & luy apprendre à venir sur le Leurre, & de-là sur le poing quand il est reclamé. Oiseaux de Leurre sont ces sept manieres de Faulcons, Gentil-Pelerin, Tartare, Gerfault, Sacre, Lasnier, Tunicien, dits Faulcons de Leurre, parce que estant reclamez fondent premier sur le Leurre qui leur est jetté, & de là viennent sur le poing. En quoy ils different de l'Esprevier & de l'Autour, parce que ces deux, sans l'entre deux du Leurre, se jettent droictement sur le poing, dont ils sont appellez Oiseaux de poing, & en ce aussi que les Oiseaux de Leurre airent aux rochers & sur la mote & là fondent, là où ceux du poing airent aux arbres & là fondent. Acharner le Leurre, C'est mettre de la chair dessus, pour mieux faire venir l'Oiseau au reclame. Descharner le Leurre, C'est oster la chair de dessus le Leurre, pour duire l'Oiseau à venir, & se paistre sur le poing.

LEURRER.

v. a. Dresser un Oiseau au Leurre. Acad. Fr. Nicod dit aussi sur ce mot. Leurrer, est proprement introduire un Faulcon à venir sur le Leurre au reclame qui luy est fait, & le paistre seurement sans s'effrayer, soit devant les gens, soit devant les chevaux ; & par metaphore, c'est deniaiser un homme neuf & le faire devenir cault & habile. Selon ce, on die, d'un homme grossier, qu'il n'a pas encore esté Leurré.

LEUS.

s. m. Vieux mot. Lieu. On a dit aussi Leuc & Leu.

Estoit plus blanc que fleur de lis

Li Leus ou li autres estoit.

IIij