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Leus, a aussi signifié un Loup.

Velus estoit com Leus, ou ours enkaenez.

LEX

LEXIVIAL.

adj. Terme de Chymie. On appelle Sels Lexiviaux, Les sels qui se tirent par le moyen de la lessive, ou par la frequente lotion des corps qui les contiennent. Ceux qu'on tire de la terre, des cendres, & des vegetaux sont de ce nombre.

LEZ

LEZARD.

s. m. Espece de reptile à quatre pates qui fait la guerre aux escargots. Strabon dit que dans la Morée les Lezards ont deux coudées de longueur. Pline ne donne qu'une coudée à ceux d'Arabie, mais il dit que dans la Montagne de Nisa qui est aux Indes, il s'en trouve qui sont longs de vingt-quatre pieds, les uns jaunes, les autres rouges, & les autres pers. On en trouve de plusieurs sortes dans les Isles Antilles de l'Amerique, & il y en a un entr'autres dont on fait un mets delicieux quand on sçait l'assaisonner. Il a environ cinq pieds de longueur & quinze pouces de circonference. Sa peau est grise, brune & cendrée par taches, toute couverte de petites écailles, comme celles des serpents, mais un peu plus forte & plus rude. Depuis la teste jusques au bout de sa queuë il a sur le dos un rang de pointes, élevées d'un pouce sur le milieu, & qui diminuent toûjours vers la queuë. Ses yeux sont longs & demy ouverts. Il a deux narines au bout de la teste, & de petites dents semblables à celles d'une faucille dans ses deux machoires. On voit sous la gorge du masle une grande peau qui luy pend jusqu'à la poitrine. Il la roidit & l'étend en sorte qu'il semble que ce soit une areste. Le sommet de sa reste est livide, & par petites bosses à peu prés comme la gorge des poules d'inde. De ses quatre pattes celles de devant sont un tiers plus menuës que les deux autres & à chacune sont cinq griffes munies d'ongles fort pointus. Cet animal a tout le corps assez maigre à l'exception de ses pattes & de sa queuë qui sont fort charnuës. Il a une grande capacité de ventre & toutes la parties interieures comme un animal parfait, un cœur mediocre, un grand foye où est attaché un gros fiel verd, tres-amer, & une ratte fort longue. Depuis les costes, le dedans de son ventre est revestu de deux pannes d'une graisse aussi jaune que de l'or, & qui sert aux debilitez des nerfs. Les masles ont une posture hardie, un regard affreux & épouvantable, & sont un tiers plus grands & plus forts que les femelles, qui sont toutes vertes, & d'un regard craintif & plus doux. Ils s'accouplent au mois de Mars, & alors il est dangereux de s'en approcher. Le masle pour défendre sa femelle, s'élance sur ceux qu'il croit vouloir l'attaquer. Comme il n'a point de venin, sa morsure ne met dans aucun peril, mais il ne quitte jamais ce qu'il tient serré, à moins qu'on ne luy mette le couteau dans la gorge, ou qu'on ne le frappe tres-rudement par le nez. C'est au commencement du Printemps qu'on leur va donner la chasse. Aprés qu'ils se sont repus de fleurs de Mahot, & de feüilles de Mapou qui croissent le long des rivieres, ils vont se reposer sur des branches d'arbres qui avancent un peu sur l'eau, pour en gouster la fraischeur, en mesme temps qu'ils commencent à sentir la chaleur du Soleil, & alors sa stupidité est telle, que quoy qu'il soit tres-subtil, & viste à la course, il entend le bruit du canot qu'il voit approcher, sans quitter la branche où il


s'est mis. Il fait plus, il se laisse mettre la verge sur le dos & le laqs coulant sans s'en ébranler, & s'il arrive qu'il ait la teste trop serrée contre la branche, on n'a qu'à luy donner trois ou quatre petits coups sur la teste, il la leve incontinent, & s'ajuste luy-mesme le laqs dans le col ; mais lors qu'il sent qu'on le tire à bas, & que la corde luy serre trop le gosier, il embrasse promptement la branche & la serre si bien de ses griffes, qu'on ne l'en peut arracher qu'en le saisissant par le gros de la queuë, le plus prés des cuisses que l'on peut, parce qu'il a les costes disposées de telle sorte qu'il ne se peut plier qu'à moitié. Cela est cause qu'il ne sçauroit mordre celuy qui le tient par cet endroit. Vers le mois de May les femelles descendent de la montagne, & viennent pondre leurs œufs au bord de la mer, où la pluspart des masles les accompagnent. Ces œufs sont toûjours de nombre impair, depuis treize jusqu'à vingt-cinq, & elles les pondent tous à la fois. Ils sont tous de la grosseur des œufs de pigeon, mais un peu plus longs. Leur écaille est blanche & aussi souple que du parchemin moüillé. Tout le dedans de ces œufs est jaune, sans glaire ny blanc, & on a beau les faire boüillir, ils ne durcissent jamais, & sur tout quand on y a mis du beurre. Ils sont bien meilleurs que ceux des poules, & donnent un tres-bon goust à toutes sortes de sauces. Quand les femelles sont au temps de pondre, elles font un trou dans le sable, où elles se fourrent entierement, & aprés avoir pondu elles abandonnent ce trou qu'elles bouchent en sortant, & ces œufs se couvent d'eux-mesmes dans la terre. On appelle ces sortes de Lezards Amphibies, à cause qu'estant poursuivis des chiens, ils se jettent au fond des rivieres pour s'en sauver, & y demeurent long temps. Ils sont extrêmement difficiles à tuer, & on leur donne jusqu'à trois coups de fusil sans les abbatre. On les fait pourtant mourir sans aucune peine, en leur fourrant un petit baston ou un poinçon dans les naseaux, ou bien leur fichant un clou sur le milieu de la teste. Ils expirent sur le champ sans se debattre, mais on les peut garder vivant pendant trois semaines sans leur donner ny à manger ny à boire. Il suffit d'un bon Lezard pour rassasier quatre hommes. Les femelles sont toûjours plus tendres, plus grasses, & de meilleur goust que les masles. Il y en a qui asseurent que ces animaux ont dans leur teste de petites pierres, qui estant mises en poudre & prises dans quelque liqueur, dissolvent la pierre dans la vessie & font vuider le gravier des reins. L'Ethiopie produit des Lezards aquatiques qui sont aussi grands qu'un chat, mais un peu plus deliez. On les appelle Angueb en langage du païs, & en Italien Caudiberbera, parce que leur queuë est si forte & si aiguë, qu'ils peuvent couper presque tout d'un coup la jambe à un homme.

LEZARDE.

s. f. Crevasse qui se fait dans un mur de maçonnerie.

LIA

LIAIS.

s. m. Sorte de pierre tres-dure, blanche, & qui approche du marbre blanc. C'est pour cela qu'elle reçoit une espece de poly avec le grez, particulierement celuy de Senlis, qui ne se gaste ny à la gelée ny aux autres injures du temps. Il y a de differentes sortes de Liais, sçavoir le Franc Liais, & le Liais furaut, ou feraut. Ce dernier ne brusle point au feu comme la pluspart des autres pierres, ce qui est cause qu'on en fait les atres & les jambages des cheminées. On s'en sert aussi pour les fours & les fourneaux. Il y a encore le Liais rose, qui est le