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624 LIE LIE LIG

marin, il le fait semblable à un escargot écorché & hors de sa coquille. Il est de couleur rousse noirâtre sur le dos. Sa teste est extrémement difforme. Il y paroist d'un costé un trou par lequel il tire & retire si souvent une petite pellicule carneuse, qu'elle semble luy tenir lieu d'une langue. Au milieu est la fente de sa bouche qu'il a sur le dos, comme la Seche, mais plus petite & plus tortuë. Il jette de sa teste deux petites cornes molles, ainsi que les escargots. Il les a pourtant plus courtes, & est fait entierement comme le petit Calemar, tant pour le dedans que pour le noir. Il y en a d'une autre espece plus grande, qui ont un peu plus bas que la bouche deux cornes plus courtes que l'autre, & toutefois plus aiguës. Ceux-là n'ont aucun os sur le dos. Du reste ils sont comme la Seche, & quant au dedans comme le petit Calemar. Le Lievre marin est si dangereux, qu'il fait mourir la personne qui en mange. Sa simple veuë fait avorter les femmes enceintes. Il a une mauvaise & puante odeur, qui vient de ce qu'il aime à estre toûjours dans la fange. Il y a, selon Albert le Grand, une troisiéme sorte de Lievre marin. Celuy-là est de la commune grosseur des poissons, & bon à manger. Il ressemble assez au lievre par la teste, & a le dos roux. Quelques-uns reprouvent cette opinion, à cause que le Lievre marin est fort difficile à digerer & qu'il rend les personnes ladres. Dioscoride ne luy attribuë aucune autre proprieté, que de faire tomber le poil si on s'en frotte ; mais Pline asseure qu'outre cela il guerit des écroüelles, estant appliqué & osté aussi-tost aprés. Marcellus l'Empirique dit que son sang broyé avec de l'huile empesche le poil arraché de revenir, ou que s'il revient, il sera si mal, que venant à tomber, on ne pourra plus le faire revenir.

LIEUTENANT.

s. m. Ce mot dans sa signification generale signifie un Officier qui exerce en la place d'un autre. On appelle Lieutenant Civil à Paris, le Lieutenant du Prevost qui est le Juge des Causes Civiles ; Lieutenant Criminel, Celuy à qui le jugement des Causes criminelles appartient ; & Lieutenant de Police, Celuy qui a soin de toutes les choses qui regardent la police. Dans les Provinces le President est appellé Lieutenant General Civil & Criminel. Il y a des Lieutenans Particuliers, tant Civils que Criminels dans tous les Presidiaux des Lieutenans de la Connestablie, & des Eaux & Forests de l'Amirauté, & des Lieutenans dans presque toutes les Justices Royales & subalternes. Autrefois les Baillis & Senéchaux d'épée rendoient la justice eux-mesmes ; mais ils ont insensiblement laissé usurper ce droit, par des Lieutenans qu'ils ont commis pour l'exercer en leur place. On appelle Lieutenant Criminel de robe courte, Un Lieutenant du Prevost de Paris qui porte l'épée. Il connoist des cas royaux comme les Prevosts, & juge presidialement comme eux, & quelquefois aussi à la charge d'appel.

Lieutenant, se dit en termes de guerre, de plusieurs Officiers qui servent dans les armées du Roy en differentes qualitez. On appelle Lieutenant General, Un Officier qui tient le second rang aprés le General de l'armée. Il commande une des ailes dans une bataille & un détachement ou un camp volant, quand les Troupes marchent. Il a le commandement d'un quartier dans un siege, & s'il est de jour, il a celuy d'une des attaques. Le Lieutenant des Armées Navales du Roy, est un Officier qui commande sous l'Amiral. Il precede les Chefs d'Escadre, & leur donne l'ordre qu'ils distribuent ensuite aux Officiers inferieurs. Il y a aussi un Lieutenant General de l'Artillerie. C'est celuy qui sous le Grand-Maistre commande tout ce qui regarde les feux d'artifice & le canon, & qui a soin de choisir les postes, qui sont propres à dresser des batteries.

Lieutenant de Roy. Officier qui commande dans une Place en l'absence du Gouverneur.

Lieutenant Colonel. Premier Capitaine d'un Regiment tant de Cavalerie que d'Infanterie, qui le commande en l'absence du Colonel. Il n'y avoit des Lieutenans Colonels de Cavalerie que dans les Regimens de Cavalerie Etrangere, mais depuis quelques années, le Roy en a creé dans nostre Cavalerie, où cette charge estoit suppleée auparavant par celle de Major. Il y a aussi un Lieutenant Colonel dans chaque Regiment de Dragons. On appelle Lieutenant de Cavalerie ou d'Infanterie, Un Officier creé par le Roy dans chaque Compagnie de Cavalerie ou d'Infanterie, pour la commander en l'absence du Capitaine. On appelle aussi Lieutenant de la Colonelle, le second Officier de la Compagnie Colonelle de chaque Regiment d'Infanterie. Le Lieutenant de la Colonelle du Regiment des Gardes Françoises, joüit de la commission de Capitaine, & a rang du jour que sa Commission est dattée. Tous les autres Lieutenans des Compagnies Colonelles des Regimens d'Infanterie, quand mesme ils n'auroient point de Commission, ont rang de derniers Capitaines, non seulement dans le corps où ils sont, mais aussi à l'égard des autres Regimens d'Infanterie. On appelle Capitaines Lieutenans, Les Capitaines des Compagnies d'Ordonnance ou des Mousquetaires, à cause que le Roy en est le vray Capitaine.

Lieutenant reformé. Lieutenant dont la place a esté supprimée, & qui ne laisse pas d'estre entretenu à la suite d'une Compagnie maintenuë sur pied, dans laquelle il demeure toûjours avec l'avantage d'estre conservé dans son rang d'ancienneté, ce qui le met en estat de monter aux charges selon la datte de la Commission qu'il a obtenuë. On appelle Lieutenant en second, Un Lieutenant dont la Compagnie a esté licentiée, mais qui sert dans une autre que l'on a tirée d'une plus nombreuse, en sorte que d'une Compagnie on en a fait deux, en faveur de quelques Officiers reformez.

LIEX.

s. m. Vieux mot. Lieu. De liex en liex s'arrestant.

LIG

LIGAMENTEUX,

euse. Terme de Fleuriste. On appelle Plantes Ligamenteuses, Celles qui ont leurs racines comme de menus cordages ou ligamens, & beaucoup plus grosses que les fibreuses.

LIGATURE.

s. f. Terme d'Imprimeur. Caractere de plomb, qui joint deux lettres ensemble, comme st, ff.

LIGE.

adj. Terme de Coustume. Il se dit du Vassal tenant une certaine sorte de fief, qui le lie envers son Seigneur dominant d'une obligation plus étroite que les autres. Quelques-uns font venir ce mot de Ligare, & disent qu'il vient de ce qu'on lioit le pouce au Vassal, ou de ce qu'on luy serroit les mains entre celles du Seigneur lors qu'il luy rendoit la foy & hommage, pour luy faire entendre qu'il estoit lié par son serment. D'autres le tirent de la mesme source que Leudis ou Leodis, qui signifioient Loyal, fidelle. Fauchet le fait venir de Leodium ou Leude, Ville de Liege, habitée par les Leudes, gens obligez à suivre & à soustenir leur. Seigneur par tout. Du Cange pretend qu'on disoit autrefois Litgium servitium, & qu'on écrivoit Litge, ce qui le fait estre du sentiment de ceux qui croyent que Lige

vient