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MAI 1768.

être la lettre de M. de Voltaire à l’abbé Trublet, lors de sa réception à l’Académie française, et la réponse de celui-ci, qui sont deux chefs-d’œuvre, chacune dans son espèce, et qui méritent qu’on conserve le recueil du famélique. Quant aux Conseils à un journaliste, M. de Voltaire les avait insérés anciennement dans une édition de ses œuvres faite en Hollande ; il les a ensuite retranchés des autres éditions, je ne sais pourquoi. Ils sont bons à lire. Je crois qu’il les a fondus successivement dans d’autres morceaux.

Méthodes et Projets pour parvenir à la destruction des loups dans le royaume, par M. de Lisle de Moncel, ancien capitaine de cavalerie, chargé des épreuves relatives à la destruction des loups sur la frontière des Trois-Évêchés. Volume in-12 de plus de trois cents pages, imprimé à l’Imprimerie royale. Qui croirait que, pour apprendre à assommer des loups, on eût besoin d’un si gros livre, d’un chevalier de Saint-Louis, et d’une dédicace à M. le prince de Condé ?




JUIN
1er juin 1768.

La Gageure imprévue, petite pièce en prose et en un acte, par M. Sedaine, avait été lue et reçue à la Comédie-Française il y a plus de deux ans ; après bien des retards occasionnés par la négligence et même par la mauvaise volonté des Comédiens, on en a donné la première représentation à l’improviste, le 27 du mois dernier, un vendredi, jour de réprobation pour la Comédie-Française, et où l’on ne peut aller décemment à aucun autre spectacle qu’à l’Opéra.

Cette petite pièce est un chef-d’œuvre de finesse et de plaisanterie. Rien de plus comique que la situation réciproque de tous ses personnages. Mme de Clinville, fine comme l’ambre, est, depuis le commencement jusqu’à la fin, le jouet de M. d’Étieulette, qu’elle n’a pourtant fait venir que pour le persifler M. Sedaine a jugé à propos d’adopter ce terme. Quant à M. de Clinville, qui se croit un aigle, il n’est pas un