Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/10

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au milieu de l’opulence, comme elle l’avait été sous le toit paternel, elle conserva toutes ses habitudes ; les illusions du monde ne trouvèrent plus de place dans ce cœur tout plein des plus douces affections de la nature. C’est vainement que le monde lui apparut au milieu de toutes ses séductions : armée contre lui des plus nobles préventions, elle resta insensible à tous ses charmes ; son œil pénétrant voyait déjà au travers du prisme qu’on lui présentait, le mensonge des discours et des actions : comblée des faveurs de la fortune, elle ne se permettait que le luxe de la bienfaisance. Être riche était pour elle le bonheur de répandre des bienfaits : avec quelle secrète abondance elle les distribuait ! elle s’était fait des indigens une famille intéressante, qu’elle consolait de ses pleurs et de ses largesses.

En cédant à l’impulsion de son cœur, elle croyait n’obéir qu’à la voix du devoir. Ce n’était qu’au milieu des ombres du mystère que ses bienfaits arrivaient jusqu’à l’indigence, tant elle soupçonnait peu que la bienfaisance pût être jamais vaniteuse. Partagée entre l’étude et les devoirs de la société, ce n’était qu’à regret qu’elle donnait à ceux-ci ce qu’elle ne pouvait