Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/11

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pas consacrer à l’autre. C’était un sacrifice qu’elle faisait de ses goûts à ses devoirs.

Riche des bénédictions du pauvre, riche du bonheur de son époux, elle n’avait que des actions de grâces à rendre à son heureuse destinée, quand elle fut tout à coup précipitée de la joie dans la plus profonde douleur. La mort lui enleva son époux… C’était le temps où la France, livrée à toutes les horreurs de l’anarchie révolutionnaire, pleurait la fin tragique de ses meilleurs citoyens : seule avec son désespoir, au milieu de ce deuil général de la patrie, elle donne aux mânes de son époux les restes d’une douleur qu’avaient déjà épuisée les malheurs publics. Son caractère, naturellement triste, prend une teinte plus mélancolique ; elle rappelle vers elle les affections qu’en des temps plus heureux elle avait engagées dans le commerce de la société : à peine âgée de vingt ans, elle ne trouve que dans l’étude les consolations que son cœur peut encore recevoir. C’est là que, loin d’un monde qu’elle a quitté sans regret, loin d’un monde dont elle avait apprécié les vanités avant même que d’en connaître les joies, elle cherche une distraction à ses chagrins et trouve un aliment à sa mélancolie. Mais sa bienfaisance