Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins avait-on tout préparé pour recueillir ses soupirs. Le temps mit un terme aux douleurs les plus vives ; il fut secondé par l’idée d’avoir recouvré la liberté. Les jeux, les ris, exilés pour un moment, reprirent leur ancien empire.

Madame de Montesson donna la main à l’amour : triste et chancelante, elle eut le malheur d’aimer, ou plutôt d’affecter celui… L’espoir de dominer, l’idée d’être entourée d’esclaves, étaient les vrais besoins de l’âme de madame de Montesson : l’amour leur prêtait son voile officieux : combien de femmes livrent leur secret en faisant certains choix ! N’est-ce pas sacrifier à l’ambition, que de sourire aux vœux d’un sexagénaire, expiant les imprudences du jeune âge par des infirmités vengeresses de la décence méprisée ? N’est-ce pas sacrifier à la volupté, que de se permettre un jeune homme frais comme la rose, qui ne sait que rire et caresser ? Madame de Montesson ouvrit sa maison à tous les goûts ; au jeu, qui maîtrise ses partisans ; au plaisir, qui s’arrange ; à la gaieté, qui masque les goûts peu délicats ; à la dignité, qui en impose à la calomnie ; au tumulte, qui a son coin d’utilité, en ce qu’il sert à cacher ce que l’on veut dérober aux yeux observateurs. Elle