Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/111

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affecta une bonhomie à laquelle les sots ne manquent jamais de se prendre. Ils croient à la bonté de ceux qui se disent bons, comme à la sensibilité de ceux qui parlent sans cesse de leur cœur. Madame de Montesson les connaissait pour les avoir vus autrefois. Depuis, elle apprit à en tirer parti. Cela s’appelle sortir très-adroitement de leur classe. Madame de Montesson aimait à être adorée ; excepté le bel-esprit, les talens, l’usage du monde, la figure, l’amabilité, le rang, elle n’avait nulle prétention. Qu’on ne se donnât pas pour dévote, pour politique, pour femme savante, pour économe, peu lui importait tout le reste.

Madame de Flahaut a l’excellent esprit de ne montrer ce qu’elle vaut qu’à un petit nombre d’amis éprouvés, son affaire est de se les attacher ; la leur est d’étendre la sphère de sa réputation. Jamais on ne porta plus loin la haine de la tracasserie, et jamais on ne fut plus étrangère aux petits intérêts de la société des femmes : la beauté ne lui inspira nulle envie ; et celles qui font métier des conquêtes purent tout à leur aise exercer l’empire de leurs charmes. On a dit souvent d’une femme qu’elle était plus belle lorsqu’elle possédait un ensemble qui surpasse