Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/117

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nation, elle s’est fait géomètre pour paraître au-dessus des autres femmes, ne doutant point que la singularité ne donne la supériorité. Le trop d’ardeur pour la représentation lui a cependant un peu nui. Certain ouvrage donné au public sous son nom, et revendiqué par un cuistre, a semé quelques soupçons ; on est venu à dire qu’elle étudiait la géométrie pour parvenir à entendre son livre. Sa science est un problème difficile à résoudre. Elle n’en parle que comme Sganarelle parlait latin devant ceux qui ne le savaient pas. Belle, magnifique, savante, il ne lui manquait plus que d’être princesse ; elle l’est devenue, non par la grâce de Dieu, mon par la grâce du roi, mais par la sienne. Ce ridicule a passé comme les autres. On la regarde comme une princesse de théâtre, et l’on a presque oublié qu’elle est femme de condition. On dirait que l’existence de la divine Émilie n’est qu’un prestige : elle a tant travaillé à paraître ce qu’elle n’était pas, qu’on ne sait plus ce qu’elle est en effet. Ses défauts même ne lui sont peut-être pas naturels, ils pourraient tenir à ses prétentions ; son impolitesse et son inconsidération, à l’état de princesse ; sa sécheresse et ses distractions, à celui de sa-