Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/119

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les Lafayette, les Duchâtelet et quelques autres, qui se sont plutôt rapprochées des Sapho et des Aspasie que des Genlis. Mais enfin point de bonne ni d’enfans sans les unes, et point d’éducation ni de monde sans les autres : en un mot, la différence entre elles est de l’enfance au reste de la vie, et de l’antichambre au salon et à la bibliothèque. Madame de Staël s’étant ouvert une nouvelle route, appartient à un nouvel ordre de choses : ce n’est pas ici le lieu de parler de cette femme extraordinaire ; tout était pour elle au-delà de la marche ordinaire. Née de parens faits pour être obscurs, elle a passé dans le faste des cours ; elle s’est vue appelée à une grande fortune, à hériter d’une grande réputation, à supporter une grande disgrâce. À cette marche brillante de la fortune, la nature l’avait préparée, en lui donnant une âme de feu, une grande élévation d’idée, un talent peu commun. Il fallait donc qu’elle fournît une carrière neuve. N’était-ce pas l’avoir commencée, que d’avoir achevé seule, et même sans conseils, un ouvrage qui jusque-là avait été l’écueil de son sexe ? Les prôneurs trouvèrent un chef-d’œuvre où les hommes de goût n’aperçurent que deux belles scènes,