Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En sortant de table, j’ai suivi mon mari dans l’atelier, parce qu’il voulait me montrer un modèle de mécanique qu’il a imaginé, et qu’il doit faire exécuter en grand. Je n’en avais pas encore vu tous les détails, lorsqu’il a été détourné par un ouvrier. Pendant qu’il lui parlait, un vieux bon-homme qui portait un outil à la main, passe près de moi, et casse par mégarde une partie du modèle. Frédéric, qui prévoit la colère de mon mari, s’élance prompt comme l’éclair, arrache l’outil des mains du vieillard, et par ce mouvement paraît être le coupable. M. d’Albe se retourne au bruit ; et, voyant son modèle brisé, il accourt avec emportement, et fait tomber sur Frédéric tout le poids de sa colère. Celui-ci, trop vrai pour se justifier d’une faute qu’il n’a pas faite, trop bon pour en accuser un autre, gardait le silence, et ne souffrait que de la peine de son bienfaiteur. Attendrie jusqu’aux larmes, je me suis approchée de mon mari. « Mon ami, lui ai-je dit, combien vous affligez ce pauvre Frédéric ! On peut acheter