Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/178

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un autre modèle, mais non un moment de peine causé à ce qu’on aime. » En disant ces mots, j’ai vu les yeux de Frédéric attachés sur moi avec une expression si tendre, que je n’ai pu continuer. Les larmes m’ont gagnée. À ce même moment, le vieillard est venu se jeter aux pieds de M. d’Albe. « Mon bon maître, lui a-t-il dit, grondez-moi ; le cher M. Frédéric n’est pas coupable, c’est pour me sauver de votre colère qu’il s’est jeté devant moi quand j’ai eu cassé votre machine. » Ces mots ont apaisé M. d’Albe ; il a relevé le vieillard avec bonté, et prenant mon bras et celui de Frédéric, il nous a conduits dans le jardin. Après un moment de silence il a serré la main de Frédéric, en lui disant : « Mon jeune ami, ce serait vous affliger que vous faire des excuses sur ma violence ; ainsi je n’en parlerai point. Sachez du moins, a-t-il ajouté en me montrant, que c’est à la douceur de cet ange que je dois de n’en plus avoir que de rares et de courts accès. Quand j’ai épousé Claire, j’étais sujet à des empor-