Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/179

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temens terribles, qui éloignaient de moi mes serviteurs et mes amis ; elle, sans les braver ni les craindre, a toujours su les tempérer. Au plus haut période de ma colère, elle savait me calmer d’un mot, m’attendrir d’un regard, et me faire rougir de mes torts sans me les reprocher jamais. Peu à peu l’influence de sa douceur s’est étendue jusqu’à moi, et ce n’est plus que rarement que je lui donne sujet de me moins aimer : n’est-ce pas, ma Claire ? » Je me suis jetée dans les bras de cet excellent homme, j’ai couvert son visage de mes pleurs ; il a continué en s’adressant toujours à Frédéric : « Mon ami, je crois être ce qu’on appelle un bourru bienfaisant ; ces sortes de caractères paraissent meilleurs que les autres, en ce que le passage de la rudesse à la bonté rehausse l’éclat de celle-ci ; mais, parce qu’elle frappe moins quand elle est égale et permanente, est-ce une raison pour la moins estimer ? Voilà pourtant comment on est injuste dans le monde, et pourquoi on a cru quelquefois que mon