Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/184

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M. d’Albe l’est aussi, jamais auteur n’aura reçu un prix plus flatteur et plus doux. Il commençait à faire chaud ; j’ai voulu rentrer, Frédéric m’a retenue. Assis près de moi, il me regardait fixement, trop fixement ; c’est là son seul défaut, car son regard a une expression qu’il est difficile… j’ai presque dit dangereux de soutenir. Après un moment de silence il a commencé ainsi : « Vous ne croiriez pas que ce même sujet qui vient de m’attendrir jusqu’aux larmes, enfin que votre union avec M. d’Albe m’avait inspiré, avant de vous connaître, une forte prévention contre vous. Accoutumé à regarder l’amour comme le plus bel attribut de la jeunesse, il me semblait qu’il n’y avait qu’une âme froide ou intéressée qui eût pu se résoudre à former un lien dont la disproportion des âges devait exclure ce sentiment. Ce n’était point sans répugnance que je venais ici, parce que je me figurais trouver une femme ambitieuse et dissimulée ; et, comme on m’avait beaucoup vanté votre beauté, je plaignais tendre-