Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/185

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ment M. d’Albe, que je supposais être dupe de vos charmes. Pendant la route que je fis avec lui, il ne cessa de m’entretenir de son bonheur et de vos vertus. Je vis si clairement qu’il était heureux, qu’il fallut bien vous rendre justice ; mais c’était comme malgré moi, mon cœur repoussait toujours une femme qui avait fait vœu de vivre sans aimer, et rien ne put m’ôter l’idée que vous étiez raisonnable par froideur, et généreuse par ostentation. J’arrive, je vous vois, et toutes mes préventions s’effacent. Jamais regard ne fut plus touchant, jamais voix humaine ne m’avait paru si douce. Vos yeux, votre accent, votre maintien, tout en vous respire la tendresse, et cependant, vous êtes heureuse ; M. d’Albe est l’objet constant de vos soins ; votre âme semble avoir créé pour lui un sentiment nouveau : ce n’est point l’amour, il serait ridicule ; ce n’est point l’amitié, elle n’a ni ce respect ni cette déférence ; vous avez cherché dans tous les sentimens existans ce que chacun pouvait offrir de mieux pour le bon-