Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/186

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heur de votre époux, et vous en avez formé un tout, qu’il n’appartenait qu’à vous de connaître et de pratiquer. Ô aimable Claire ! j’ignore quel motif ou quelle circonstance vous a jetée dans la route où vous êtes ; mais il n’y avait que vous au monde qui pussiez l’embellir ainsi. » Il s’est tu, comme pour attendre ma réponse ; je me suis retournée, et, montrant l’urne de mon père : « Sous cette tombe sacrée, lui ai-je dit, repose la cendre du meilleur des pères. J’étais encore au berceau lorsqu’il perdit ma mère ; alors, consacrant tous ses soins à mon éducation, il devint pour moi le précepteur le plus aimable et l’ami le plus tendre, et fit naître dans mon cœur des sentimens si vifs, que je joignais pour lui, à toute la tendresse filiale qu’inspire un père, toute la vénération qu’on a pour un Dieu. Il me fut enlevé comme j’entrais dans ma quatorzième année. Sentant sa fin approcher, effrayé de me laisser sans appuis, et n’estimant au monde que le seul M. d’Albe, il me conjura de m’unir à lui