Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/187

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avant sa mort. Je crus que ce sacrifice la retarderait de quelques instans, je le fis ; je ne m’en suis jamais repentie. Ô mon père ! toi qui lis dans l’âme de ta fille, tu connais le vœu, l’unique vœu qu’elle forme. Que le digne homme à qui tu l’as unie n’éprouve jamais une peine dont elle soit la cause, et elle aura vécu heureuse… — Et moi aussi, s’est écrié Frédéric dans une espèce de transport, et moi aussi, mes vœux sont exaucés ! Chaque jour j’en formais pour le bonheur de mon père. Mais que peut-on demander pour celui qui possède Claire ? Le ciel, par un tel présent, épuisa sa munificence, il n’a plus rien à donner… » Un moment de silence a succédé ; j’étais un peu embarrassée ; mes doigts, errant machinalement sur ma harpe, rendaient quelques sons au hasard. Frédéric m’a pris la main, et la baisant avec respect : « Est-il vrai, est-il possible, m’a-t-il dit, que vous consentiez à être mon amie ? Mon père le voudrait, le desire. De tous les bienfaits qu’il m’a prodigués, c’est celui qui m’est le