Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/20

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dit-il, elles se contenteront de faire valoir leurs propres et naturelles richesses. Elles cachent et couvrent leurs beautés sous des beautés étrangères. C’est grande simplesse d’étouffer sa clarté pour luire d’une manière empruntée. Elles sont enterrées et ensevelies sous l’art ; c’est qu’elles ne se connoissent point assez : le monde n’a rien de plus beau… Que leur faut-il, que vivre aimées et honorées ? elles n’ont et ne savent que trop pour cela. Il ne faut qu’esveiller un peu et reschauffer les facultés qui sont en elles. Quand je les voy attachées à la rhétorique, à la judiciaire, à la logique et semblables drogueries, si veines et inutiles à leur besoing, j’entre en crainte que les hommes qui le leur conseillent le facent pour avoir loi de les régenter sous ce titre. Car quelle autre excuse leur trouverois-je ? Si toutefois il leur fasche de nous céder en quoy que ce soit, et veulent par curiosité avoir part aux livres, la poésie est un amusement propre à leurs besoings ; c’est un art folâtre et subtil, desguisé, parlier, tout en plaisir, tout en montre comme elles, etc., etc.[1]. »

  1. Liv. III, chap. III.