Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/21

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« On regarde une femme savante, dit Labruyère, chapitre des Femmes, comme on fait une belle arme ; elle est ciselée artistement, d’une polissure admirable et d’un travail fort recherche : c’est une pièce de cabinet que l’on montre aux curieux, qui n’est pas d’usage, qui ne sert ni à la guerre ni à la chasse, non plus qu’un cheval de manège, quoique le mieux instruit du monde. »

Je ne prétends pas que les passages des différens écrivains que je viens de citer doivent faire décider la question conformément à l’opinion que madame Cottin s’était d’abord faite d’une femme auteur ; j’ai heureusement voulu prouver que madame Cottin comptait dans son parti des penseurs illustres, dont le suffrage la justifie, et doit la faire excuser auprès de son sexe, contre lequel on a toujours mauvaise grâce de prononcer, surtout quand on pourrait citer des femmes qui, seules, dans le silence de leur maison, dans des momens inutiles à leurs enfans, à leurs époux, donnent aux lettres et à la réflexion des heures dont le fruit est pour eux seuls ; qu’il en est qui, entourées d’un petit nombre d’amis qu’elles n’étourdissent pas de leurs vers, ne se servent de