Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/202

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laissant échapper un soupir, il a dit : « Dans quelle erreur n’ai-je pas été en la voyant si belle ! J’avais cru que cette femme devait avoir quelque ressemblance avec vous ; mais pour mon malheur, mon éternel malheur, je le vois trop, vous êtes unique… » Je ne puis te dire, Élise, quel mal ces mots m’ont fait ; cependant, me remettant de mon trouble, je me suis hâtée de répondre. « Frédéric, ai-je dit, gardez-vous de porter un jugement précipité, et de vous laisser atteindre par des préventions qui pourraient nuire au bonheur qui vous est peut-être destiné. Parce qu’Adèle n’est pas en tout semblable à la chimère que vous vous êtes faite, devez-vous fermer les yeux sur ce qu’elle vaut ? Ne savez-vous pas d’ailleurs combien on peut changer ? Croyez que telle personne qui vous plaît quand elle est formée, vous aurait peut-être paru insupportable quelques années auparavant ? Vous voulez toujours comparer : mais parce que le bouton n’a pas le parfum de la fleur entièrement éclose, oubliez-vous qu’il l’aura