Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/232

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et je fus perdu ; la vérité, renfermée avec effort, s’échappa brûlante de mon sein, et vous me vîtes aussi coupable, aussi malheureux qu’il est donné à un mortel de l’être. Dans ce moment où je venais de me livrer avec frénésie à tout l’excès de ma passion, dans ce moment où vous me rappeliez combien elle outrageait mon bienfaiteur, où l’image de mon ingratitude, toute horrible qu’elle était, ne combattait que faiblement la puissance qui m’attirait vers vous, je vois mon père… Égaré, éperdu, je veux fuir ; vous m’ordonnez de rentrer et de feindre. Feindre, moi ! je crus qu’il était plus facile de mourir que d’obéir, je me trompai ; l’impossible n’est plus quand c’est Claire qui le commande ; son pouvoir sur moi est semblable à celui de Dieu même ; il ne s’arrête que là où commence mon amour.

Claire, je ne veux pas vous tromper : si dans vos projets sur moi vous faites entrer l’espoir de me guérir un jour, vous nourrissez une erreur ; je ne puis ni ne veux