Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/24

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persévérance. On prétend que les femmes, par leur organisation, sont douées d’une délicatesse que les hommes ne peuvent avoir. Ce jugement, favorable aux femmes, ne paraissait pas plus fondé à madame Cottin que tous ceux qui leur sont étés avantageux. Plusieurs ouvrages faits par des gens de lettres prouvent que ce mérite n’est nullement exclusif chez les femmes ; mais il est vrai que c’est un des caractères distinctifs de presque tous leurs écrits. Cela doit être, parce que l’éducation et la bienséance leur imposent la loi de contenir, de concentrer presque tous leurs sentimens, et d’en adoucir toujours l’expression : de là ces tournures délicates, cette finesse exercée à faire entendre ce que l’on n’ose expliquer. Ce n’est point de la dissimulation : cet art, en général, n’est point de cacher ce qu’on éprouve ; sa perfection, au contraire, est de le bien faire connaître sans s’expliquer, sans employer des paroles que l’on puisse citer comme un aveu positif. L’amour surtout rend cette délicatesse ingénieuse ; il donne alors aux femmes un langage touchant et mystérieux qui a quelque chose de céleste, car il n’est fait que pour le cœur et l’imagination : les paroles articulées ne