Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/25

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sont rien ; le sens secret est tout, et ne peut être bien compris que par l’âme à laquelle il s’adresse. Indépendamment de tous les principes qui rendent la pudeur et la retenue si indispensables dans une femme, que de contrastes résultent de cette timidité d’un côté, et de cette audace, de cette ardeur, de l’autre ! Que de grâces dans une femme jeune et belle, lorsqu’elle est ce qu’elle doit être ! Tout en elle est d’accord : la délicatesse de ses traits, de ses formes et de ses discours ; la modestie de son maintien et de ses longs vêtemens ; la douceur de sa voix et de son caractère. Elle ne se déguise point, mais elle se voile toujours ; ce qu’elle dit d’affectueux est d’autant plus touchant, que, loin d’exagérer ce qu’elle éprouve, elle doit l’exprimer sans véhémence. Sa sensibilité est plus profonde que celle d’un homme, parce qu’elle est plus contrainte ; elle se décèle et ne s’exhale point ; enfin, pour la bien connaître et pour l’entendre, il faut la deviner. Elle attire autant par l’attrait piquant de la curiosité que par ses charmes. Les grâces sont si nécessaires à un être dont le véritable empire est fondé sur l’amour, que ni la morale ni la politique n’empêcheront les femmes d’attacher