Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/247

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LETTRE XXV.


FRÉDÉRIC À CLAIRE.


Qu’est-il nécessaire d’insulter avec froideur la victime qu’on dévoue à la mort ? Qu’aviez-vous besoin, pour me la donner, de me parler de votre haine ? L’ordre de mon départ suffisait ; il vous était doux de me montrer à quel point je vous suis odieux : je n’ai point reconnu Claire à cette barbarie.

Vous le voyez, je suis de sang-froid ; votre lettre a glacé les terribles agitations de mon sang, et je suis en état de raisonner.

Pourquoi dois-je partir, Claire ? Si c’est pour votre époux, et que le sentiment que je porte en mon cœur soit un outrage pour lui, où trouverez-vous un point de l’univers où je puisse cesser de l’offenser ? Sous les pôles glacés, sous le brûlant tropique, tant que mon cœur battra dans mon sein, Claire y sera adorée ; si c’est une froide pitié